En imaginant son projet de réhabilitation, Anne-Françoise Jumeau pense immédiatement aux volcans de la région et à la terre cuite
En imaginant son projet de réhabilitation, Anne-Françoise Jumeau pense immédiatement aux volcans de la région et à la terre cuite
Avec le chantier du CRBC de Clermont-Ferrand, Anne-Françoise Jumeau, membre de Périphériques Architectes, a dépassé les fortes contraintes liées à cette réalisation regroupant amphithéâtres pour étudiants, laboratoires pour chercheurs et pépinière d'entreprises.
En effet, composé d’une restructuration et de deux extensions, cet ensemble d'un seul tenant s'étire sur 80 mètres avec une façade très longue et fortement rythmée de larges parties horizontales pleines et vitrées, en raison des volumes intérieurs (bureaux, laboratoires).
Séduite par la terre cuite, elle imagine un matériau rappelant la lave volcanique mais irisé, brillant de mille couleurs, qu'elle sculptera délicatement.
« Notre point de départ était un vase noir émaillé trouvé dans une boutique déco »
Munie de ce vase, elle part à la recherche d'un spécialiste de la terre cuite capable de lui fournir un revêtement à l'esthétique identique. C’est le bardage Argeton proposé par wienerberger, quelque peu reprofilé, qui lui apportera la solution.
Soucieux de revenir à une certaine vérité historique des traditions ancestrales, Bruno Decaris évoque les disparités propres aux tuiles anciennes :
« Enfournées au feu de bois, les tuiles cuisaient à des températures différentes selon l'emplacement dans le four, et sortaient avec des teintes allant du jaune pâle au brun foncé »
Ces anciennes tuileries ayant disparu depuis longtemps, l'architecte cherche donc à retrouver chez un fabricant actuel cette même disparité. Par ailleurs, il tient à dénoncer une fausse idée selon laquelle les toitures anciennes devraient présenter un aspect vieilli uniforme.
« Il ne faut pas vieillir la tuile mais plutôt nettoyer les anciennes. On verra alors que la toiture d'origine arborait une pixellisation de plusieurs teintes et non un brun homogène »
L'architecte se souvient : « J'ai fait le déplacement et wienerberger a proposé une surface conforme aux effets recherchés grâce à une double cuisson de l'émaillage ».
L'émail obtenu, noir et coloré à la fois, s'avère tout à fait comparable à celui du vase-référence. Mieux, grâce à la création de 11 filières spécifiques (bardeaux extrudés aux teintes irisées), Anne-Françoise Jumeau dessine un motif de vague, une ondulation de 11 modules superposés sur 1m75.
La lave volcanique est bien là, sur une longue façade mise en mouvement par des vagues successives, où verticalité et horizontalité s'harmonisent entre le noir émaillé du bardage et le coloris or-champagne variable des multiples cadres de fenêtres. Des décrochages cassent et animent la longueur de la façade comme « ces saillances qui viennent animer le visuel d'entrée ».
Autre force de ce matériau, les lumières changeantes selon l'heure et la météo permettant « un dialogue entre le bâtiment et son environnement ».
Cette réalisation unique a été primée du Geste d'Argent en 2019